Pour cette nouvelle édition de la « Bataille Royale » de Whisky et compagnie, trois expressions de la distillerie Glengyle s’affrontent dans un duel aussi aromatique que musclé. La série Kilkerran, réputée pour représenter dignement l’esprit de Campbeltown, offre ici trois profils bien distincts : un 12 ans accessible et équilibré, un 8 ans vieilli intégralement en fûts de xérès à la force du fût, et une version Heavily Peated qui promet une tourbe sans compromis. L’objectif : déguster, analyser, comparer… puis désigner un champion. Place au combat.
Kilkerran 12 ans — présentation et dégustation
Le Kilkerran 12 ans, vieilli à 70 % en fûts de bourbon et 30 % en fûts de xérès, embouteillé à 46 % sans filtration ni colorant, incarne l’élégance simple de Campbeltown. Sa robe très pâle laisse apparaître une texture légèrement huileuse.
Au nez, la fraîcheur domine : citron, agrumes doux et pointe iodée. La tourbe, annoncée comme légère, se fait presque oublier. En bouche, l’attaque rappelle une limonade acidulée, suivie d’une tourbe végétale discrète, de notes vanillées et caramélisées. La finale, modérément longue, alterne entre fraîcheur et assèchement subtil. Un whisky docile, agréable, parfait pour le quotidien ou l’initiation.
Kilkerran 8 ans Sherry Cask Matured — présentation et dégustation
Changement de registre avec ce 8 ans exclusivement vieilli en fûts d’oloroso et embouteillé à 57,4 %. La couleur cuivrée annonce déjà la densité à venir. Le verre se couvre de longues larmes épaisses : on sait que la bouche sera riche.
Au nez, c’est un panier de fruits rouges bien mûrs, avec une touche rustique typique du terroir de Campbeltown. Malgré les 57 %, aucune brûlure : tout est fondu, dense et complexe. En bouche, c’est un feu d’artifice. Tourbe terreuse, épices, fruits compotés, touches iodées, fumée très discrète mais présente en finale. La texture huileuse adoucit la puissance alcoolique. La finale est abondante, chaleureuse, sucrée-salée. Un whisky qui demande du temps… mais qui le rend au centuple.
Kilkerran Heavily Peated — présentation et dégustation
Avec 84 ppm de tourbe et 59,2 %, le Heavily Peated entre comme un gladiateur. Robe relativement claire, mais viscosité monstrueuse : le verre dégouline d’épaisseur.
Le nez s’ouvre lentement, mais révèle une combinaison sucré-salé irrésistible : agrumes, biscuit vanillé, embruns marins et fumée bien présente. En bouche, c’est un barbecue liquéfié : braise chaude, viande grillée, sauce sucrée épicée. La tourbe se manifeste à la fois en fumée et en sel. La texture est si dense que les saveurs collent longtemps après la gorgée. Une finale interminable, saline et fumée, avec un retour inattendu de vanille pâtissière. Puissant, mais raffiné.
Nos avis et le verdict
Sans surprise, le Kilkerran 12 ans prend la troisième place — non pas par faiblesse, mais parce que ses deux rivaux jouent dans une catégorie supérieure. Il demeure un whisky remarquable pour son prix et sa polyvalence.
Le véritable duel oppose donc le 8 ans Sherry Cask et le Heavily Peated. Pour l’un des dégustateurs, impossible de trancher : les deux méritent la première place ex aequo. Le Sherry Cask séduit par son abondance fruitée et sa chaleur rustique. Le Heavily Peated impressionne par sa maîtrise de la puissance et sa tourbe gourmande.
Si un seul devait être acheté, le choix pencherait légèrement vers le Sherry Cask pour son équilibre irrésistible. Mais dans le cœur des amateurs de sensations fortes, le Heavily Peated reste un champion incontestable. Une bataille sans perdants — seulement trois excellentes raisons de retourner à Campbeltown.