
Dans ce neuvième épisode de la « Bataille Royale », nous nous plongeons dans l’univers de la distillerie Glen Scotia, située à Campbeltown, en Écosse. Cette petite distillerie est réputée pour ses single malts au profil marin, légèrement tourbé, huileux et salin. Trois bouteilles s’affrontent dans cet exercice de comparaison ludique : le Double Cask, le Victoriana et le 15 ans.
Présentation des whiskys
La présentation des « combattants » met en évidence les caractéristiques uniques de chacun. Le Double Cask, vieilli en fûts de bourbon de premier remplissage puis affiné en fûts de Pedro Ximénez, se veut une porte d’entrée accessible à la gamme Glen Scotia. Avec ses arômes de fruits secs, de vanille et de chêne, il offre un rapport qualité-prix séduisant, bien que l’ajout de colorant soit souligné. Le Victoriana, quant à lui, se distingue par son embouteillage brut de fût à 54,2 % et par sa maturation en fûts lourdement carbonisés. Plus onctueux, complexe et naturel (sans colorant ni filtration à froid), il rend hommage à l’âge d’or du whisky victorien. Enfin, le 15 ans incarne l’élégance : élevé en fûts de bourbon et de chêne américain, avec une touche de xérès Oloroso, il déploie une richesse fruitée et une finale plus sèche et astringente, même si l’usage de colorant est à nouveau regretté.
Le Glen Scotia Double Cask
Vient ensuite la dégustation, cœur de l’épisode. Le Double Cask séduit par sa douceur fruitée, ses notes d’agrumes, de vanille et de caramel. Accessible et convivial, il surprend par une variété de petites touches aromatiques — fruits secs, zeste d’orange, épices légères — qui en font un whisky simple mais plaisant, parfait pour les amateurs débutants. Sa finale, moyenne et légèrement boisée, confirme son rôle de whisky « quotidien ».
Le Glen Scotia Victoriana
Le Victoriana marque une montée en puissance. Visuellement plus dense, il dégage des arômes généreux de pâtisserie, de caramel, de banane et de vanille, équilibrés par une touche iodée. En bouche, sa richesse s’exprime par une texture onctueuse, presque crémeuse, rappelant un bonbon au caramel salé. Sa complexité et sa longueur en finale en font une expérience sensorielle complète, où sucre, salinité et chaleur alcoolique se répondent avec élégance.
Le Glen Scotia 15 ans
Enfin, le 15 ans joue sur un registre différent. Son nez et sa bouche privilégient le fruit — abricot, pêche, agrumes — et une douceur vanillée. Moins complexe que le Victoriana, il séduit toutefois par sa finesse, sa texture veloutée et sa finale plus sèche, marquée par une astringence discrète et un léger retour d’embruns marins. Plus sobre, il s’adresse aux amateurs appréciant l’équilibre entre fruité et structure boisée.
Classement et bilan
Au terme de l’exercice, nous sommes en accord sur le verdict : le Victoriana est le grand gagnant de cette bataille royale, grâce à sa complexité, sa richesse aromatique et sa finale enveloppante. Le choix entre le 15 ans et le Double Cask dépend davantage du contexte et des attentes. Le 15 ans se démarque par sa finesse et son intensité fruitée, tandis que le Double Cask reste imbattable comme whisky d’introduction, accessible et polyvalent.
En conclusion, ces trois expressions offrent chacune une facette unique de Glen Scotia : le Double Cask comme introduction conviviale, le Victoriana comme champion incontesté, et le 15 ans comme whisky plus mature et exigeant. Ensemble, elles traduisent la richesse du terroir de Campbeltown et confirment la capacité de Glen Scotia à rivaliser avec les distilleries les plus réputées.