Dans cet épisode très particulier de Whisky et Cie, l’ambiance change. Plutôt que d’opposer des bouteilles ou de décrypter des dégustations pointues, ce sont un père et son fils qui partagent leurs souvenirs d’un voyage marquant. En juin 2025, ils se sont rendus sur Islay, l’île mythique des amateurs de whisky, et visité quatre distilleries emblématiques : Bunnahabhain, Ardnahoe, Ardbeg et Laphroaig. Entre paysages sublimes, rencontres chaleureuses et découvertes gustatives, le récit prend la forme d’un carnet de voyage passionné, ponctué d’impressions sincères.
Bunnahabhain : sérénité et tradition
La première étape fut Bunnahabhain, nichée au bout d’une route étroite longeant la baie. Pour le fils, c’était la toute première visite de distillerie de sa vie. L’accueil fut chaleureux, la visite complète, et l’odeur envoûtante de céréales sucrées dans les salles de distillation l’a marqué. Ce site, malgré sa taille importante, dégage une impression de compacité et de fonctionnalité. Les animateurs soulignent aussi l’aspect environnemental : la distillerie recycle les résidus de céréales pour en faire un biocarburant, une initiative originale. Mais ce qui domine, c’est surtout l’ambiance paisible du lieu, renforcée par le décor naturel et la quiétude de la baie.
Ardnahoe : la fougue de la jeunesse
À une trentaine de minutes de marche de Bunnahabhain, Ardnahoe offre un contraste saisissant. Distillerie récente, elle impressionne par son audace architecturale et son énergie. Leur guide, excentrique et passionnée, a rendu la visite mémorable, allant jusqu’à inviter les visiteurs à goûter le moût en fermentation directement à la main. Ce geste illustre bien l’esprit d’Ardnahoe : une distillerie jeune, ouverte et un peu rebelle. Les deux voyageurs ont particulièrement apprécié la découverte du New Make Spirit, fruité et prometteur, ainsi que des expressions jeunes déjà convaincantes comme le Bholsa ou l’édition réservée à la Society. Si certaines cuvées gagneront avec le temps, la base solide et l’enthousiasme de l’équipe laissent présager un avenir brillant. Pour eux, Ardnahoe est clairement une distillerie « à surveiller ».
Ardbeg : l’expérience immersive
Changement de décor avec Ardbeg, où la visite se déroulait pendant la Silent Season, période de maintenance des installations. Pas de production en cours, mais une expérience en chai exceptionnelle : déguster quatre whiskys directement à la force du fût, dans une atmosphère intime. Les animateurs racontent l’intensité de cette dégustation matinale, partagée avec quelques américains et allemands, et la convivialité des échanges avec leur guide. Ils insistent aussi sur la modernité du marketing d’Ardbeg, qui tranche avec son image de whisky robuste et fumé : la boutique, les éditions spéciales et le design séduisent une clientèle plus jeune. Parmi les découvertes, le Eureka !, issu d’une orge maltée chocolatée, a particulièrement marqué les esprits par ses arômes torréfiés et sa créativité. Une étape marquante, gravée comme un moment fort du voyage.
Laphroaig : une déception relative
Enfin, la visite de Laphroaig, pourtant très attendue, a laissé un sentiment mitigé. Pour le fils, amateur de la maison, l’expérience s’est révélée moins engageante. L’aspect plus industriel du site, la taille du groupe et une guide moins habitée ont donné une impression impersonnelle. Certes, voir les vastes planchers de maltage et les fours à tourbe a été impressionnant, mais l’interdiction d’approcher les alambics et un New Make Spirit jugé peu plaisant ont refroidi l’enthousiasme. Heureusement, la dégustation finale a relevé le niveau, avec des expressions haut de gamme comme les Cask Strength Batch 15 à 17, le Sherry Oak Finish ou le Lore, témoignant de la richesse du portefeuille de Laphroaig. Mais globalement, cette visite a semblé manquer d’âme par rapport aux autres.
Entre whisky et complicité
Au-delà des distilleries, l’épisode met en avant l’expérience humaine. Les paysages d’Islay, la marche entre les sites, les rencontres avec les habitants et même les anecdotes – comme se faire offrir des bières par des locaux pendant une randonnée – nourrissent le récit. L’île apparaît comme un lieu de paix et de beauté brute, où la nature et le whisky forment un tout indissociable.
Mais surtout, la complicité entre père et fils transparaît dans chaque échange : le plaisir de voyager ensemble, de comparer leurs impressions, de débattre sur les arômes et de partager des moments uniques. Au-delà des notes de dégustation, cet épisode célèbre le whisky comme vecteur de transmission, de découvertes communes et de souvenirs durables.